Balade à Nagrand.

Shattrath, ville sanctuaire, où la Horde et l'Alliance sont plus ou moins contraints de se côtoyer sans pour autant s'agresser, était maintenant le lieu de rassemblement massif des membres de Parabellum et de ceux de Genèse.

Respectant cependant quelques codes, les Parabellum, dirigés par ma chère Sân, restaient du côté des Sin'Dorei appelés Clairvoyants, tandis que nous restions avec quelques Draënei appartenant à l'Aldor.

Nous nous croisions régulièrement, et les liens que j'avais tissé avec peine avec Sân avaient également rapproché les membres de chacune de nos guildes.

Il n'était pas rare de voir Crackers rigoler de bon coeur avec Enox, ou Doser passer du temps avec son cher nain Karaghentork.
Chose étrange que l'amour, mon maître me l'avait bien dit...

Cet après-midi n'annonçait rien de prometteur, nous allions flâner dans cette immense cité sans but précis.

Alors que je passais devant le quartier des Clairvoyants, j'aperçus Sân. Je me précipitai vers elle et vint l'embrasser. Nos membres nous taquinaient souvent à ce sujet, mais en fin de compte, semblaient être vraiment heureux pour nous.
Elle avait toujours au doigt le petit cadeau que je lui avais fait quelques jours plus tôt, une bague couleur de feu, qui lui allait parfaitement bien. A mon grand désespoir, elle m'avait prévenu qu'il lui fallait du temps avant de s'engager, et je lui fis donc ce présent sans demande précise, juste comme ça, pour lui faire plaisir.

Elle me montra sa main en signe de remerciement et sauta à mon cou en me souriant. Bien que surpris, je me fis une joie de la porter tout en faisant attention à elle : je sais combien elle est fragile, même si elle ne le paraît pas.
Sân me demanda alors :

"Seyes, que dirais-tu d'une balade dans les cieux de Nagrand? Le temps est superbe!"

J'eus un petit sursaut. Pas une seule erreur dans sa phrase... Ses progrès me sidéraient. Et dire que moi, je ne savais toujours dire que quelques mots en thalassien...

Enfourchant mon drake, je la suivais. La raie qu'elle avait adoptée la portait dans le ciel avec grâce et élégance. Voranaku, lui, déployait ses ailes majestueuses en chantant de plaisir : cela faisait longtemps qu'il n'avait pas quitté la terre ferme.

Nous arrivions à Nagrand pour assister au coucher du soleil. Les cheveux de Sân flottaient au vent, la brise caressant doucement son visage éclairé par l'astre encore levé. Je demandais alors à Voranaku d'accélérer pour revenir au niveau de ma douce mage, l'embrassais en plein vol et la dépassais.
Elle est joueuse : ce baiser l'a déconcerté, et n'arrive pas à me rattraper. Cette petite course entre nous deux est comme une sorte de rituel : baignés par le soleil et rafraîchis par la brise, nous passions des heures à nous doubler, nous rattraper, et finalement atterrir sur un îlot flottant peuplant les terres de Nagrand.

Laissant vagabonder nos montures, nous nous retrouvions enfin ; je l'étreignis et lui murmurais dans l'oreille :

"Hihi, j'ai encore gagné!"

Elle rougit et me lança une petite claque, que j'esquivais. J'adorais la faire enrager : elle est si mignonne quand elle s'énerve contre moi!
Je la pris dans mes bras et lui baisais le front. Elle alla s'assoir un peu plus loin pour assister au coucher du soleil.
Je la rejoins alors, et m'allongeais.

Nagrand est un pays enchanté : l'ambiance qui y règne appaise les esprits et adoucit les coeurs.

Glissant ma main dans ses cheveux d'or, je lui glissais quelques mots que j'avais minutieusement répétés :

"Je voudrais vivre encore plein de couchers de soleil en ta compagnie. Je suis si bien avec toi... Je t'adore, ma chère Sân, tu es ce que j'ai de plus cher au monde."

Elle rougit de plus belle : je l'ai peut-être embarassée un peu trop...
Elle se mit à rire, et me demanda un massage. Elle ne m'avait pas répondu.
Sa timidité me rendra toujours toute chose; néanmoins, tant que je suis avec elle, je suis le plus heureux des elfes.

Je garderai toujours en mémoire ce paysage magique...